Genre et hétéronormativité dans les sources : approches méthodologiques

Envoyer Imprimer

Genre et hétéronormativité dans les sources : approches méthodologiques

Journées organisées la semaine du 15 au 19 avril 2024 à l'Université Jean Monnet, Saint-Étienne

Appel à contributions
Date limite : 01/12/23

 

Présentation
Dans le prolongement des deux premiers séminaires jeunes chercheur·se·s organisés, pour le premier, en 2022 sur le thème « Genre et sources. Lecture, relecture, mélecture » et pour le second en 2023, intitulé « Genre et hétéronormativité dans les sources : représentations et transgressions de l'injonction hétérosexuelle », ce troisième séminaire souhaite se concentrer sur les approches méthodologiques des études de genre à travers le prisme de l'hétéronormativité. L'hétéronormativité est un concept incontournable afin d'analyser les fondements même de la binarité entre le masculin et le féminin , et de contribuer ainsi à l'élaboration de cadres critiques qui permettent de se pencher sur les rapports sociaux de sexe et de sexualité au sens large dans les sources. Ainsi, l'hétéronormativité est un outil critique issu des études de genre, employé pour réévaluer une vision à la fois dualiste et déterministe des identités des genres et des sexualités, remettant directement en cause les conceptions essentialistes de la division sexuelle.

À travers son inscription dans la Structure Fédératrice de Recherche ALLHiS, le séminaire porte une attention particulière à l'analyse des sources, entendues comme « l'ensemble des traces laissées par les acteurs du passé sur lesquelles le chercheur fonde son travail […] tout type de document ou d'objet peut devenir source, à condition d'être correctement critiqué ». L'objectif est donc de poursuivre cette approche critique en questionnant les représentations de l'hétéronormativité dans les sources au sens large : sources écrites (archives historiques, textes littéraires et juridiques), visuelles (iconographiques, statuaires) et immatérielles (données de terrain ethnographiques). L'intérêt d'une telle étude repose sur la diversité des sources proposées, ce qui permettra d'offrir un panorama sinon exhaustif, du moins varié, de ces sources dans une perspective interdisciplinaire, qui mettra au jour les dynamiques intersectionnelles qui peuvent régir les rencontres entre les minorités sexuelles et de genre .
Si le premier séminaire s'est attaché à montrer la pertinence d'une analyse des sources au prisme du genre, le second s'est concentré sur « l'invention historique de l'hétérosexualité » et sur sa théorisation comme impératif social dans la littérature scientifique. Il s'agissait en parallèle de mettre en lumière les mouvements de résistance ou les évolutions au sein des discours et des pratiques . Les réflexions soulevées lors de ces deux premiers séminaires demandent à être poursuivies dans un questionnement davantage méthodologique : comment les études de genre influencent-elles les pratiques des chercheur·se·s ? Comment les femmes et les minorités de genre sont-elles réintégrées dans des champs disciplinaires qui les ont laissées de côté, dissimulées ou même invisibilisées ? En quoi les corpus peuvent-ils se faire le reflet de ces changements ? Comment ces méthodes varient-elles selon les aires géographiques à l'étude, au gré de l'influence d'écoles d'horizons géographiques divers ? Il peut s'avérer stimulant de questionner la dimension internationale dans la circulation de ces outils critiques.

Ce séminaire propose donc deux volets d'études principaux :
1- Un état des lieux de la recherche actuelle : depuis l'institutionnalisation des études de genre au sein de l'université française au tournant des années 2000, comment les outils critiques du genre et de l'hétéronormativité ont-ils influencé les objets de recherche ? Quels nouveaux sujets émergent ou réémergent ?
2- Une analyse des méthodes qui entourent et définissent cette mise au jour : d'où viennent, géographiquement et disciplinairement, les méthodes privilégiées pour toute étude qui prend en compte l'hétéronormativité dans les sources ? Quelle est la place des apports transdisciplinaires, en particulier des méthodes venues des sciences humaines et sociales ? Comment les approches méthodologiques varient-elles en fonction des aires géographiques dont elles sont issues et des sources qu'elles étudient ? Comment se traduisent à une échelle internationale ces écarts méthodologiques ?

Axes de recherche
• Développer une réflexion théorique sur les enjeux épistémologiques de l'hétéronormativité en sciences sociales, ses apports et ses limites dans l'analyse des sources, ses convergences ou dissensions avec d'autres orientations des études de genre, comme les différentes perspectives féministes.
• Développer des outils méthodologiques pour appréhender l'hétéronormativité dans les sources en fonction des supports et des disciplines en montrant sur ce point l'intérêt d'une approche interdisciplinaire.
• Comparer les approches critiques de l'hétéronormativité à l'international afin de rendre compte de la diversité des méthodes, mais aussi des écarts, voire des divergences entre les méthodologies d'aires géographiques diverses.
• Resituer le concept d'hétéronormativité dans le contexte théorique et politique dont il est issu : en premier lieu afin d'éviter tout anachronisme, mais aussi pour questionner les circulations géographiques et l'ancrage épistémologique du concept.
• Proposer la recension d'un ouvrage scientifique récent qui renouvelle les approches méthodologiques de l'hétéronormativité, et intégrer cette réflexion dans une bibliographie générale qui mette en avant les évolutions du concept au sein et à travers différents champs disciplinaires.

Bibliographie indicative
CLAIR Isabelle, « Le pédé, la pute et l'ordre hétérosexuel. », Agora débats/jeunesses, n°60, 2012, p. 67-78.
DESCOUTURES Virginie, « Le cadre hétéronormatif », dans Les mères lesbiennes, Virginie DESCOUTURES (dir.), Paris, Presses Universitaires de France, 2010, p. 59-84.
JACKSON Stevi, « Genre, sexualité et hétérosexualité : la complexité (et les limites) de l'hétéronormativité », Nouvelles Questions Féministes, Vol. 34, 2015, p. 64-81.
KATZ Jonathan, L'invention de l'hétérosexualité, Paris, Epel, 2001.
RICH Adrienne, « Compulsory Heterosexuality and Lesbian Existence », Signs, Vol. 5, No. 4, 1980, p. 631-660.
BOEHRINGER Sandra & SEBILLOTTE-CUCHET Violaine (dir.), Hommes et femmes dans l'Antiquité grecque et romaine. Le Genre : méthode et documents, Paris, Colin, 2011.
SCOTT Joan & VARIKAS Éléni, « Genre : Une catégorie utile d'analyse historique. », Les Cahiers du GRIF, No. 37-38, 1988, p. 125-153.
TIN Louis-Georges, L'invention de la culture hétérosexuelle, Paris, Autrement, 2008.
WARNER Michael, « Introduction: Fear of a Queer Planet », Social Text, No. 29, 1991, p. 3-17.
WITTIG Monique, « La pensée straight », Questions Féministes, No. 7, 1980, p. 45-53.


Conditions de candidature
• Être étudiant.e en master 2, titulaire d'un master ou inscrit.e en doctorat : il s'agit d'un séminaire jeunes chercheur·se·s dont l'objectif est de créer un espace de discussion pour celles et ceux qui n'ont pas encore de doctorat.
• Rédiger une proposition de communication (300-400 mots) ou de recension d'un ouvrage de recherche paru récemment et qui aborde les thématiques du séminaire (300-400 mots).
• Rédiger une présentation spécifiant l'université et le laboratoire de rattachement, l'année de master ou de thèse, le sujet de recherche, et les éventuelles publications.
• Les participant·e·s sont vivement encouragé·e·s à postuler à deux pour intervenir en binôme, de préférence dans une perspective pluridisciplinaire, voire internationale.
• Les propositions de communications peuvent être rédigées en anglais ou en français.

Comité d'organisation et scientifique
• Adrien Bresson, doctorant en langue et littérature latines à l'Université de Lyon–Saint-Étienne au laboratoire HISOMA.
• Noémie Cadeau, doctorante en littératures comparées à l'Université Jean Monnet au sein de l'Unité de recherche ECLLA.
• Blandine Demotz, doctorante études anglophones à CY Cergy-Paris Université, au sein du laboratoire Héritages.
• Jonathan Raffin, doctorant en histoire romaine à l'Université de Poitiers, rattaché au laboratoire HeRMA.

Envoyer les propositions de communication d'ici le 1er décembre 2023 à :
seminaireallhis2024[at]gmail.com

Les réponses sont prévues pour le 15 décembre 2023.
L'objectif est aussi, à l'issue de ce séminaire, de rassembler les communications sous la forme d'articles pour la publication d'un ouvrage collectif d'ici la fin de l'année 2025.

 

Lieu de la manifestation : Université Jean Monnet de Saint-Étienne
Organisation : Adrien Bresson, Noémie Cadeau, Blandine Demotz et Jonathan Raffin
Contact : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.