Césaire d'Arles est né en 470 en Bourgogne et, dès l'âge de 20 ans, il est moine à Lérins. A 26 ans, pour des raisons de santé, il se retrouve à Arles où il est chargé, entre autres, de mettre de l'ordre dans un monastère de la périphérie d'Arles, ville que l'on a appelée « la petite Rome » pendant plusieurs décennies. Moine avant tout, c'est un lecteur attentif de la Bible et de saint Augustin dont il connaît par cœur des textes et des sermons qu'il maîtrise parfaitement.
Elu évêque en 502, il a pris sa tâche à bras le corps avec une excessive modestie et une très grande humilité. Petit à petit, par sa participation active dans plusieurs conciles, il remettra de l'ordre dans les évêchés proches, mais aussi dans ceux des territoires burgondes, wisigoths, ostrogoths et francs. A l'occasion de conciles régionaux, il intervient de façon définitive dans le débat théologique sur la Grâce.
Mort en 542, il laisse une œuvre considérable, comparable à celle de saint Augustin, ses thèmes de réflexion étant repris depuis le Concile de Trente jusqu'au Pape François qui le cite dans sa dernière encyclique. Nous nous proposons lors de cette Petite Journée Patristique de présenter plusieurs de ces thèmes avec des chercheurs qui ont exploré l'œuvre et la vie de Césaire.
Les communications :
- Professeur Marie José DELAGE (Professeur émérite à Smith Collège - USA)
Césaire d'Arles, un Père d'Occident de la première moitié du VIe siècle
Un prédicateur, théologien, un homme plein de fougue, un prédicateur inlassable, le plus prolixe du monde latin après saint Augustin, vicaire du pape pour les Gaules et l'Espagne, son œuvre s'est rapidement répandue dans toute l'Europe et son influence, à travers les conciles, a marqué jusqu'à nos jours l'histoire de l'Église. Il suscite un immense intérêt, davantage même hors de France que dans son pays. Il est l'objet de publications et de recherches qui se comptent par centaines, en une douzaine de langues. Comment introduire Césaire d'Arles sans parler de Dom Germain Morin o.b.s (1937-1942), qui est à l'origine de cette redécouverte. Soixante ans de recherche et de découvertes dans les bibliothèques petites et grandes de l'Europe lui ont permis de mettre en lumière, pour qui veut la découvrir, l'œuvre d'un évêque de premier plan.
- Mgr Dominique LE TOURNEAU (Professeur au Studium de Droit Canonique le Lyon)
Les conciles de Césaire d'Arles et leurs influences
Cette conférence porte sur « L'influence de la législation canonique promue par saint Césaire d'Arles sur le droit de l'église catholique ». Son point de départ est le concile d'Agde (506), dont les grandes lignes sont présentées. Césaire y apparaît déjà comme un réformateur. La deuxième partie entraîne vers l'universalisation des apports de saint Césaire à la pratique canonique de l'Église, d'abord par la présence des nombreux conciles sur lesquels il a exercé une influence dans les collections canoniques puis dans l'œuvre de Burchard de Worms, le "Décret" d'Yves de Chartres et le "Décret" de Gratien, une influence qui se ressent encore de nos jours.
- Professeur Raúl VILLEGAS MARIN (Professeur à l'Université de Barcelone – Espagne)
Les chrétientés provençales dans un âge d'angoisse : le témoignage de la prédication de Fauste de Riez et de Césaire d'Arles
Des études récentes ont attribué à l'évêque Fauste de Riez la paternité de la plupart des homélies rassemblées dans le corpus dit de l'« Eusèbe Gallican ». Certaines d'entre ces homélies de Fauste furent remployées, à des remaniements près, par Césaire d'Arles. L'analyse comparative des homélies de Fauste et de Césaire, prêchées à des décennies de distance, nous permet de mieux connaître l'évolution historique des communautés chrétiennes provençales dans cette époque d'angoisse, qui a vu la chute de l'Empire romain d'Occident.
- Professeur Bertrand LANÇON (Professeur émérite d'Histoire romaine à l'Université de Limoges)
L'évêque face aux « superstitions »
Parmi les témoins littéraires de la rémanence des pratiques dites « païennes » entre le Ve et le VIIe siècle, Césaire d'Arles est incontestablement le plus prolixe. Dans ses sermons, il évoque les offrandes aux sources et aux arbres sacrés, les sacrifices d'animaux, les sorts, les grimoires et les phylactères, que les clercs eux-mêmes distribuaient. Il condamne aussi le recours aux guérisseurs ("caragii") et aux jeteurs de sort ("sorticularii"). Pour lui, ce sont les multiples facettes de la ruse du diable, redoutables parce qu'efficaces, qui trompent les chrétiens arlésiens. Il convient donc de les discréditer pour les éradiquer. La "Vie anonyme" qui montre Césaire faisant des miracles montre bien qu'il s'agissait d'une concurrence vive pour un enjeu décisif : focaliser sur les saints la recherche de la guérison.
- P. Michel DUJARIER (Théologien et patrologue)
La fraternité selon Césaire d'Arles.
Depuis la première Epître de l'apôtre Pierre (1 P 2,17 et 5, 9), « Fraternité » est devenu le nom propre de la Communauté chrétienne. Ce titre lui a été don-né parce qu'elle regroupe tous les baptisés qui, grâce à l'Esprit-Saint, sont devenus les frères et sœurs du Christ, ne formant plus qu'un en Lui, au point que Dieu le Père les a adoptés comme ses fils et filles.
Ce thème constitue la racine et le cœur de l'Histoire de notre Salut. Contrairement à ce qu'ont écrit certains auteurs modernes, il continue d'être fortement présent aux IVe et Ve siècles, et même encore au VIe. Césaire d'Arles en est un bon témoin, mais il n'est pas le seul : bien d'autres auteurs gaulois de son époque nous le garantissent. La présentation que nous en ferons sera pour nous tous une invitation à redécouvrir la richesse de cette vision de notre foi dans le Christ notre Frère, et à mieux vivre aujourd'hui de l'amour fraternel qui en découle comme une exigence fondamentale.
- P. Dominique BERTRAND (Sources Chrétiennes)
Les apports des "Traités théologiques" de Césaire d'Arles
Peu à peu, et tout d'abord dans le diocèse où, il y a quinze siècles (504-542), il a été l'instaurateur du véritable passage aux « tempora christiana », Césaire d'Arles retrouve sa véritable stature de Père de l'Église. De quasi-ignoré jusque vers 1950, où le grand chercheur bénédictin, Germain Morin, édite ses œuvres complètes, il devient le pasteur zélé qui aime et éduque son peuple par une prédication intense. Estimé dès lors comme un éducateur spirituel des mœurs, il apparaît de plus en plus comme un vrai théologien, et dans sa parole et dans son action et dans son influence. Il importe, pour profiter vraiment aujourd'hui de sa charité pastorale et spirituelle de creuser ce sillon en son œuvre. Et, pour ce faire, en premier lieu, il y a à valoriser les quatre traités où il affirme sa pensée claire et forte, deux sur la Trinité, un sur la grâce de Dieu et la liberté de l'homme, un qui commente l'"Apocalypse de Jean". A partir de là, l'interprétation bascule complètement. Le zèle pastoral et spirituel de Césaire d'Arles se manifeste dès lors comme celui d'un sage, sans doute même d'un docteur de la foi.
- P. Francesco TEDESCHI (Professeur à l'université Pontificale Urbanienne)
« Commentaire sur l'Apocalypse » de Saint Césaire d'Arles
Attribution, origines du texte, commentaires, interprétation, des apports de Césaire d'Arles dans son traité théologique sur l'"Apocalypse". En soulignant l'importance de Césaire d'Arles dans la représentation liturgique ainsi que de certaines formes de la liturgie gallicane et hispanique.
Lieu de la manifestation : Saintes - Salle "Saintonge", 11 Rue Fernand Chapsal
Organisation : CaritasPatrum
Contact : caritaspatrum.free.fr
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