Servius, Commentaire sur l'Énéide de Virgile. Livre IV

Vendredi, 01 Mars 2019 15:53 Marie-Karine Lhommé
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Servius, Commentaire sur l'Énéide de Virgile. Livre IV. Texte établi par Jean-Yves Guillaumin. Traduit et commenté par Jean-Yves Guillaumin, Paris, 2019.


Éditeur : Belles Lettres

Collection : Collection des universités de France Série latine

LXXXVI + 716 pages
ISBN : 9782251014821
85 €


Vers la fin du IVe s., un professeur nommé Servius, sur la vie duquel on ne sait rien de solide même s'il est mis en scène dans les Saturnales de Macrobe, commentait les œuvres de Virgile. Le livre IV de l'Énéide, qui est le plus court de cette épopée, fait l'objet d'un de ses commentaires les plus longs. C'est qu'il s'agit de Didon et d'Énée ; d'amour, de mariage et de séparation ; de la vie et de la mort, de religion et de philosophie ; des destinées de Rome aussi. Non pas que Servius affiche les préoccupations d'un profond philosophe : il fut longtemps considéré comme un « antiquaire », comprenons un amateur de détails d'érudition ancienne transmis à des fins seulement documentaires et scolaires ; et de ce point de vue on trouve chez lui, en effet, quantité de renseignements (religion, mythes, civilisation, histoire, littérature, linguistique, realia) qui sans lui seraient demeurés inconnus, et dont les spécialistes modernes ont fait leur miel ; c'est une bibliothèque fragmentaire caractéristique des centres d'intérêt de l'Antiquité tardive. Cependant, les exposés serviens laissent affleurer, sous un réel éclectisme, un système de références cohérent, organisé autour des valeurs et des opinions traditionnelles qui, dans le domaine de la morale, subsistent uniformément partagées (la castitas féminine, par exemple) dans le monde christianisé de l'Antiquité tardive ; par ailleurs, le même système servien porte au premier plan la vieille religion romaine comme un signe de résistance des intellectuels païens. S'agissant des deux personnages principaux, le commentaire, souvent conduit à propos d'Énée à la nuance et parfois à la contradiction, entend sauver sa pietas envers les dieux et envers Didon, ce qui n'est pas toujours facile, et semble, à l'égard de cette dernière, osciller entre la pitié et la condamnation.


La présente édition établit le texte latin du commentaire de Servius sur le chant IV de l'Énéide, ainsi que le texte parallèle plus développé dit du « Servius Danielis », en proposant un certain nombre d'émendations argumentées ; elle offre la première traduction française de ce commentaire, avec des notes suffisamment nombreuses et développées pour éclairer tous les aspects de ce texte à la fois riche et par endroits difficile.

Jean-Yves Guillaumin est professeur à l'Université de Franche-Comté, codirecteur, avec François Dolbeau, de la collection « Auteurs latins du Moyen Âge ». On lui doit, dans cette série, l'édition et la traduction des livres III, VII et XX des Étymologies d'Isidore de Séville. Il est aussi l'éditeur, dans la CUF, des trois tomes des Arpenteurs romains, du livre VII des Noces de Philologie et de Mercure, et des Institutions arithmétiques de Boèce.

 

Source : Les Belles Lettres