Etonnement naturaliste et merveilles naturelles
Colloque du réseau international de recherche Zoomathia 2025
Appel à contributions
Date limite : 05 mai 2025
La nature est souvent aberrante ou du moins si déconcertante que ce serait être ignorant par un autre tour d'ignorance de ne pas s'en étonner, et la nature des animaux, comme celle des plantes « déborde de tous côtés » (Théophraste). Il existe dans la littérature antique et médiévale une longue tradition de récits et descriptions de bizarreries et merveilles naturalistes et en particulier animales. Ces récits ont été généralement pris à la légère, voire avec condescendance par la critique moderne, par les hommes éclairés des lumières de l'esprit nouveau, scientifique, résolument moderne. Mais l'illusion n'est peut-être pas là où elle semble loger. Cette tradition ancienne témoigne d'une curiosité et d'un étonnement devant la plasticité du vivant et la diversité des organismes et des facultés des êtres vivants : souris rongeuses de fer, animaux guérisseurs, rituels sociaux sophistiqués, alternance sexuelle, dispersion des cerveaux, prémonition animale, biomimétisme, … Si l'on cesse de s'obnubiler avec les monstres exemplaires des bestiaires médiévaux, se découvrent de nombreux récits dont l'étrangeté répond à l'étrangeté de la nature elle-même. L'enjeu de ce colloque est de se pencher, grâce au regard des savants anciens et modernes, sur des questions zoologiques sous l'angle de l'extravagance et dans leurs modes non ordinaires, et de réfléchir à la façon dont les bizarreries naturelles sont perçues, admises, interprétées, et renouvellent parfois le regard porté sur les animaux et le vivant en général. Aujourd'hui comme hier les phénomènes naturels sont et demeurent pour beaucoup étranges et difficiles à expliquer. Dans le domaine des comportements, les biologistes modernes ont forgé le concept d'instinct pour servir de principe explicatif général. Certains aujourd'hui recourent à l'idée d'un ‘sixième sens' pour situer certaines capacités qui dépassent l'entendement, comme les capacités perceptives ou migratoires de certaines espèces. Les recherches des biologistes sur les facultés atypiques des animaux, qui ont tous développé une forme d'excellence extraordinaire dans un domaine ou un autre, intéressent à juste titre les techniciens du naturel et de l'artificiel (médecins, les industriels, etc.). Précisément parce qu'elles sont « extraordinaires ». Il est plus que probable que les modèles de fonctionnement physiologiques ou éthologiques que nous avons adoptés au 20e siècle soit schématiques et inadaptés à la diversité biologique. Restaurer l'étonnement, non pas comme une émotion d'ignorant, mais un lucide moteur de recherche scientifique, et prendre au sérieux le discours de l'étonné permet de remettre en jeu le savoir très modeste et tâtonnant des spécialistes du vivant.