Écrire le rêve au XVIIe siècle

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Écrire le rêve au XVIIe siècle

Journée d'étude organisée dans le cadre du Séminaire des doctorants en langue et littérature françaises du XVIIe siècle (Sorbonne Lettres Université)

Sorbonne Université – Samedi 15 mars 2025

Appel à contributions
Date limite : 20 décembre 2024


S'il faut attendre 1674 pour que Malebranche définisse le rêve comme une « combinaison plus ou moins confuse de faits imaginaires qui se présente à l'esprit pendant le sommeil », les auteurs du XVIIe siècle se sont intéressés au phénomène psychique bien avant l'apparition du substantif qui le désigne. Le songe et la rêverie, qu'ils se produisent dans un état de sommeil ou de veille, font l'objet de nombreux développements sous la plume des romanciers, des poètes, des médecins, des philosophes et des conteurs. Vision surnaturelle aux accents spirituels, simple produit de l'imagination, divagation plaisante ou délire inquiétant, le rêve est à la fois un objet de discours théoriques et une source d'inspiration poétique. Cette journée d'étude a pour but d'éclairer les différents enjeux littéraires du rêve dans les textes du XVIIe siècle français. Trois axes principaux retiendront notre attention :

1° La définition du rêve. Pourront ainsi être analysés les développements théoriques sur le rêve dans les textes médicaux du XVIIe siècle, en français comme en latin, mais aussi dans des discours philosophiques et littéraires, qu'ils soient autonomes ou intégrés à des œuvres de fiction. Il s'agira de mettre en avant la compréhension du phénomène et de revenir sur les évolutions lexicales, en prenant en compte la diversité des termes employés au cours de la période pour désigner les différentes modalités du rêve.

2° L'herméneutique du rêve. La question de l'interprétation des rêves dans la littérature du XVIIe siècle mérite une attention toute particulière. Qu'il soit le fruit de l'imagination et de la fantaisie, d'une expérience de pensée délibérée ou d'une transe prophétique, le rêve voit son statut épistémologique varier considérablement. Il ne se prête pas aux mêmes lectures selon l'origine qu'on lui suppose. Quelles lectures du rêve apparaissent dans la littérature ? Les clés d'interprétations mobilisées par les auteurs permettent-elles d'établir des réseaux de sens, voire un système sémantique défini transposable d'un texte à un autre ?

3° La poétique du rêve. L'écriture du rêve peut prendre de nombreuses formes selon sa fonction littéraire. Au cœur de cette diversité, nous pouvons nous interroger sur les thèmes et traits stylistiques récurrents, le vocabulaire et les schémas narratifs employés dans les scènes de rêve. S'il peut aller jusqu'à s'ériger en genre littéraire avec la mode antique du songe réactivée au XVIIe siècle, nous pouvons aussi nous intéresser aux genres existants où le rêve trouve son lieu d'expression privilégié, et sur la fonction qu'il y occupe : songe prémonitoire dans la tragédie, rêve érotique de la poésie amoureuse, expérience de pensée dans la littérature morale, songe excursionniste inspiré de l'épopée que Georges Forestier définit comme un « voyage en lieu surnaturel » (Forestier, 1988), rêve prophétique et vision dans les textes spirituels… Le rêve pourra également être resitué dans des mouvements artistiques plus larges, en prenant notamment en compte l'ancrage de l'esthétique baroque dans une pensée de l'illusion et du monde comme rêve.

Les propositions de communication, d'une taille maximum de 400 mots, accompagnées d'une présentation biographique, sont à envoyer avant le 20 décembre 2024 à l'adresse suivante : seminaire.17e[at]outlook.fr. Elles seront examinées par le comité d'organisation et une réponse sera apportée avant le 11 janvier 2025.

Comité d'organisation
Simon Albertini, Alice Hennetier, Élise Legendre, Mélissa Thiriot, Zoé Weil.

Bibliographie indicative
BACHELARD, Gaston, La Poétique de la rêverie, Paris, P.U.F., 1968.
——, L'eau et les rêves : essai sur l'imagination de la matière, Paris, José Corti, 1985.

CORBELLARI, Alain et TILLIETTE, Jean-Yves (dir.), Le rêve médiéval, Genève, Droz, 2007.

COURIVAUD, Denis, Se raconter comme visionnaire ou prophète : songes, visions et apparitions dans l'autobiographie spirituelle au XVIIe siècle, thèse de doctorat.

GAUTIER, Jean-Luc (dir.), Rêver en France au XVIIe siècle, Revue des Sciences Humaines, No 211 (3), mars 1988.

DAUVOIS Nathalie et GROSPERRRIN Jean-Philippe, Songes et songeurs (XVIIe-XVIIIe siècle), Laval, Presses de l'Université Laval, 2003.

DEMAUTES, Mireille (dir.), Expériences oniriques dans la littérature et les arts du Moyen Age au XVIIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2016.
DENIS, Delphine, « Manières de critiquer : les fictions allégoriques », dans La Critique au présent : émergence du commentaire sur les arts (XVIe-XVIIIe siècles), éd. S. Harvey, Paris, Classiques Garnier, 2018, p. 51-66.
DUMORA, Florence, L'Œuvre nocturne. Songe et représentation au XVIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2005.

FORESTIER, Georges, « Le rêve littéraire, du baroque au classicisme réflexes typologiques et enjeux esthétiques », article paru dans Rêver en France au XVIIe siècle, Revue des Sciences Humaines, No 211 (3), mars 1988, disponible en ligne.
https://odysseum.eduscol.education.fr/le-reve-litteraire-du-baroque-au-classicisme

GARNIER, Guillaume, « “Le songe n'est que mensonge”. Le discours sur le songe au XVIIIème siècle », Sociétés et représentations, 2007/1, No 23, p. 105-124.

GARNIER, Guillaume, « Songes et voyages imaginaires aux XVIIe et XVIIIe siècles », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, 2006/4.

GEFEN, Alexandre, « La littérature rêvée », Traduire le rêve, Presses de l'université Seinan-Gakuin, 2010.

GLATIGNY, Michel, « Songe : introduction lexicologique », Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance, 1986, vol. 23, p. 53-57.

JONES, Ernest, Le Cauchemar [1931], Paris, Payot, 2002.

KRESS-ROSEN, Nicole, L'Évolution sémantique de rêver et de songer jusqu'à la fin du XVIIe siècle, thèse de doctorat, Université de Strasbourg, 1970.

LANCEL Juliette et CARROY Jacqueline (dir.), Clés des songes et sciences des rêves. De l'Antiquité à Freud, Paris, Belles Lettres, 2016.

LANCEL, Juliette, « Des illusions sensorielles qui disent le futur ? Les clés des songes au XVIIe siècle », Etudes Epistémè : revue de littérature et de civilisation (XVIe - XVIIIe siècles), 2017.

MOCHIRI, Pouneh, « Songes littéraires de la Renaissance », Libres cahiers pour la psychanalyse, 2006/2, No 14, p. 59-71.

ORWAT, Florence, L'Invention de la rêverie, une conquête pacifique du Grand siècle, Paris, Champion, 2006.

PIOFFET, Marie-Christine, « Pour une sémiologie du lieu imaginaire au XVIIe siècle : figures et significations », Dix-septième siècle, 2010/2 (No 247), p. 335-354.

RACAULT, Jean-Michel, Nulle part et ses environs. Voyage aux confins de l'utopie littéraire classique (1652-1802), Paris, PUPS, 2003.

———, L'Utopie narrative en France et en Angleterre de l'âge classique aux Lumières (1675-1761), Liverpool, Liverpool University Press, 2018.

SCHWEITZER, Claudia, « Les différentes représentations du songe dans la tragédie lyrique du XVIIe siècle », Les Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique, No 18/2, 2017, p. 11–20.

https://www.orient-mediterranee.com/les-visions-mise-en-recit-langage-et-techniques/ (projet mené par Madeleine Scopello)


Lieu de la manifestation : Paris, Sorbonne Université
Organisation : Comité des doctorants du séminaire XVIIe siècle de Sorbonne Lettres Université
Contact : seminaire.17e[at]outlook.fr